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Milieux naturels et paysages

Les habitats du milieu forestier

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publié le 3 septembre 2015 (modifié le 21 juillet 2017)

Une nouvelle typologie des habitats forestiers a été mise en place par GUITET et al. dans le Catalogue des habitats forestiers de Guyane, édité en 2015. Une approche par les paysages géomorphologiques a été utilisée pour mieux appréhender la diversité des communautés d’arbres.

  Les forêts marécageuses, les forêts galeries ou ripicoles

Forêt marécageuse - DEAL en grand format (nouvelle fenêtre)
Forêt marécageuse - DEAL

Les forêts marécageuses se rencontrent sur l’ensemble du territoire mais sont plus fréquentes sur les terres basses de la plaine côtière. Elles se développent en présence des nappes d’eau permanentes. Progressivement, avec l’altitude et la perte de l’influence de la marée, la forêt marécageuse laisse place aux forêts galeries ou ripicoles. Les sols saturés en eau abritent des essences telles que le pinot (Euterpe oleacera) et le palmier-bâche (Mauritia flexuosa) tandis que les sols drainés des bords de cours d’eau accueillent le moutouchi marécage (Pterocarpus officinalis), le wapa (Eperua rubiginosa) et le cacao rivière (Pachira aquatica). Cet habitat est extrêmement important pour l’approvisionnement en matière organique des eaux naturellement acides et peu minéralisées de Guyane. Les racines déployées dans les cours d’eau permettent le développement de frayères et de gîtes pour les larves de poissons, constituant ainsi un maillon essentiel de la chaîne alimentaire des milieux aquatiques.

  Les forêts des reliefs multi-convexes et de vallées jointives

La juxtaposition de collines plus ou moins marquées et de petits plateaux entaillés par un réseau hydrographique dense forment les reliefs multi-convexes. Ces paysages extrêmement complexes présentent une véritable mosaïque de sols dont le substrat de la couverture pédologique est très variable. Les essences d’arbres varient mais restent des associations entre mahos (commun, rouge et noir), wapa, amarante, angélique et wacapou dont la limite de canopée oscille entre 30 et 35 mètres. Ce type d’habitat favorise la présence de capucins blancs (Cebus olivaceus) et d’agoutis (Dasyprocta leporina).

  Les forêts des plateaux

Ces forêts couvrent plus d’un tiers du territoire et s’étendent sur de vastes surfaces relativement planes, d’altitudes modérés entre 150 et 200 mètres. Ils abritent plus de la moitié des petits inselbergs et savanes-roches recensés en Guyane. Les essences d’arbres présentes sont l’angélique, le moni, le bita tiki et le bocco. Les palmiers sont également très abondants et particulièrement le patawa. Les gros bois y sont très fréquents et représentent d’importants enjeux commerciaux potentiels. La hauteur de canopée y atteint facilement 40 mètres. Cet habitat est plutôt favorable aux daguets rouges (Mazama americana), aux pécaris (Pecari tajacu) et aux hoccos (Crax alector).

  Les forêts des hauts reliefs

Forêt des hauts reliefs - DEAL en grand format (nouvelle fenêtre)
Forêt des hauts reliefs - DEAL

Les forêts qui se situent entre 100 et 500 mètres d’altitude se développent sur les hauts reliefs aux formes complexes (sommet aplati voire tabulaire, versants longs et abrupts, reliefs très incisés) qui sont qualifiés localement de « montagnes ». Les essences se composent de yayamadous, de monis, du chawari, du gonfolo rose ou encore du maho cigare. Les atèles (Ateles paniscus) et les hoccos (Crax alector) sont particulièrement abondants.

Forêts à nuages - DEAL en grand format (nouvelle fenêtre)
Forêts à nuages - DEAL

Au-dessus de 500 mètres, la forêt devient sub-montagnarde et se caractérise par la présence de ouekos et de cèdres. L’oiseau-cloche (Procnias albus) et son chant caractéristique affectionnent particulièrement cet habitat. L’humidité permanente due à l’altitude et à la brume quasi constante permet de qualifier cette forêt de « forêt à nuages ou forêts à mousses ». En effet, on y retrouve une forte présence de mousses, de fougères et de plantes épiphytes. La hauteur de canopée n’est cependant pas très développée (25m) en raison de la présence d’une cuirasse latéritique empêchant l’enracinement. Présent sur 0,3 % du territoire, cet habitat est caractéristique du Mont Itoupé, du Massif de Lucifer et Dékou-Dékou, du Mont Galbao et des Tumuc-Humac.

  Les forêts des reliefs multi-concaves

Ces habitats se rencontrent uniquement dans le sud de la Guyane (vallées de la Ouaki, Camopi, …). Ce paysage en « creux » est caractérisé par des modelés très plats et inondables qui sont encadrés par des hauts-reliefs. On y retrouve principalement les communautés des Burseraceae avec le moni et le sali ou encore la communauté des Myristicaceae avec le tossopassa. La faune qui évolue dans cet habitat est composée, entre autres, de marails (Penelope marail), d’ortalides (Ortalis motmot), de singe saimiris (Saimiri sciureus) et de sakis (Pithecia pithecia).

Dans le bassin de la grande Waki, on retrouve l’habitat particulier sur « Djougoung-pété ». Il correspond à une zone constellée de micro-dépressions (pouvant atteindre plusieurs m² de surface sur 50 cm de profondeur) périodiquement inondées dont le fond est tapissé de graviers sphériques. Les essences principales sont le malobi, le funguti koko et les différents types de guedous.