DGTM GUYANE

Focus sur… le Réseau écologique des départements d’Outre-mer (REDOM)

publié le 30 juillet 2014

Le dispositif Natura 2000 ne s’appliquant pas à l’Outre-mer, la loi Grenelle 1 prévoit la mise en place du réseau écologique des départements d’outre-mer afin d’établir un dispositif de conservation et/ou de gestion des habitats remarquables sur ces territoires.

La loi Grenelle 1 prévoit pour l’Outre-mer de « mettre en place des dispositifs de connaissance, de gestion intégrée et de protection des habitats et des espèces sauvages terrestres et marines, comparables aux dispositifs existants en métropole, lorsque ces derniers ne sont pas applicables » (Titre 6, art. 56).

Mosaïque de milieux en grand format (nouvelle fenêtre)
Mosaïque de milieux

En d’autres termes, cette loi pointe l’intérêt de doter l’Outre-mer français d’un dispositif inspiré de Natura 2000 (réseau fondé sur les directives dites « Oiseaux » et « Habitats » non applicables dans les Départements d’Outremer français). Pour ce faire, une étude préliminaire a été confiée à l’Office National des Forêts (ONF) afin d’évaluer la faisabilité d’un tel dispositif.

La première phase, essentiellement méthodologique, s’est déroulée en 2008 et la Guyane a été choisie comme territoire-test. Cette phase a consisté à définir et à tester des listes d’habitats et d’espèces clés devant servir de base à l’élaboration de ce réseau écologique. La seconde phase a consisté à déployer cette méthodologie pour identifier et cartographier les milieux naturels les plus remarquables.

1ère étape : le catalogue des habitats

La première étape de ce travail a consisté à réaliser un catalogue et une matrice cartographique des habitats [1] de la bande littorale. La matrice cartographique se base sur « l’expertise littorale », qui consiste en une analyse cartographique de l’occupation des sols sur la base de photos aériennes.

L’approche « espèce » n’a pu être exploitée par manque de connaissance en terme de répartition. De plus, une approche « habitat » favorise un traitement plus homogène du territoire en atténuant les hétérogénéités qui pourraient être dues à des différences d’effort d’inventaires floristiques et faunistiques.

2ème étape : la hiérarchisation des enjeux

La seconde étape a consisté à appliquer une grille de notation grâce à 4 facteurs de hiérarchisation simples :

La rareté de l’habitat mesurée par la proportion que ce dernier occupe sur la bande côtière : moins de 1%, entre 1 et 5 % et plus de 5 %.
Le niveau de menace pesant sur l’habitat mesuré par sa perte en superficie entre 2001 et 2008 : moins de 0,5 % des superficies 2001 perdues, entre 0,5 et 5 %, plus de 5 %.
Le niveau de protection mesuré par la proportion de l’habitat compris au sein d’espace protégé (coeur de parc national, réserves naturelles, domaine forestier permanent…) : moins de 10 % de leur superficie totale protégée, entre 10 et 30 % et plus de 30 %.

La savane Malmaison en grand format (nouvelle fenêtre)
La savane Malmaison

La patrimonialité [2] des habitats : habitats patrimoniaux, habitats en partie patrimoniaux, habitats non patrimoniaux.

L’application de cette grille de notation fait ressortir cinq catégories d’habitats comme prioritaires en terme de protection  : les forêts sur cordons sableux, les forêts sur sables blancs, les savanes sèches, les savanes inondables et les "forêts littorales sur rochers".
Consulter l’article dédié aux milieux prioritaires

La méthodologie simple et le résultat cartographique font de cet outil un support de sensibilisation intéressant sur les enjeux écologiques de la bande littorale auprès des décideurs.

Un autre résultat intéressant de ce travail est la production d’une matrice de données permettant de suivre l’évolution des diverses classes d’occupation du sol en Guyane et de mieux se représenter leur niveau de protection actuel.

Ce travail méthodologique pourra être utilisé pour définir quelles nouvelles zones mériteraient d’être protégées.

[1Ces habitats sont les suivants : forêts sur cordons sableux, forêts de la plaine côtière ancienne, forêts basses sur sables blancs, forêts littorales sur rochers, forêts hautes sur collines et plateaux, forêts basses sur collines et plateaux, forêts inondables ou inondées primaires, mangroves, savanes sèches, savanes inondables, savanes-roches (et roches nues), marais intérieurs et marécages boisés et marais saumâtres.

[2Un habitat patrimonial est "un milieu soit rare et abritant une ou plusieurs espèces remarquables, soit particulièrement important pour le maintien de l’équilibre global d’un écosystème" (Lochon et Linares, 2003. Conservation de la nature : les espaces protégés de la Guyane. In Revue Forestière Française, numéro spécial 2003 « Connaissance et gestion de la forêt guyanaise », p.p. 323-339.