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Milieux naturels et paysages

Obstacle à l’écoulement, continuité écologique et Trame bleue

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publié le 8 septembre 2015

L’aménagement de notre territoire génère parfois des barrières écologiques sur nos milieux aquatiques. Les barrages hydroélectriques, les routes, les remblais, sont autant d’obstacles pour l’eau et les êtres vivants aquatiques. Les recenser et les diagnostiquer permet d’améliorer les connaissances sur les discontinuités écologiques et d’engager des mesures de restauration pour limiter l’impact de ces ouvrages.

  La continuité écologique

La continuité écologique se définit par la libre circulation des espèces biologiques et le bon déroulement du transport naturel des sédiments. Elle consiste à permettre :

la libre circulation des organismes vivants et leur accès aux zones de reproduction, de croissance, d’alimentation ou d’abri ;
le transport naturel des sédiments de l’amont à l’aval d’un cours d’eau ;
le bon fonctionnement des lieux de reproduction, d’alimentation, de repos, souvent situés au sein des végétaux aquatiques ou sous les blocs de pierre au fond des cours d’eau.

La continuité écologique, tant longitudinale que latérale, inclut ainsi deux composantes : la continuité biologique traduisant la migration des organismes aquatiques et la continuité sédimentaire.

Cette notion a été intégrée par la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) qui considère la continuité écologique comme un élément de qualité hydromorphologique nécessaire à l’atteinte du bon état écologique des cours d’eau.

C’est également l’une des priorités du Grenelle de l’environnement avec la mise en place de la Trame bleue en complément de la Trame verte.

Restaurer la continuité écologique, c’est permettre aux rivières de suivre naturellement leur cours de l’amont vers l’aval (continuité longitudinale) mais aussi d’occuper leur lit majeur en période de crues (continuité transversale). Ainsi, pour restaurer la continuité écologique des cours d’eau il faut s’intéresser à tous les types d’obstacles qui cloisonnent nos cours d’eau, quelle que soit leur taille (barrages, buses, digues, protection de berges, seuils, radiers de pont…). L’ONEMA a d’ailleurs réalisé un document explicatif sur la continuité écologique des cours d’eau qui est disponibleici.

  Les obstacles à l’écoulement

Les obstacles à l’écoulement sont de différentes formes (barrage, route, remblai, …). Ils sont à l’origine de transformations de la morphologie et de l’hydrologie du cours d’eau qui perturbent fortement le fonctionnement des écosystèmes aquatiques. Ils altèrent la diversité et la qualité des habitats aquatiques dont dépend la survie de nombreuses espèces animales et végétales.

Ces obstacles à l’écoulement fragmentent les cours d’eau et entravent les déplacements des espèces migratrices en limitant l’accès aux habitats disponibles, en isolant génétiquement les populations et en perturbant les processus sédimentaires naturels. La communauté scientifique considère ainsi que la fragmentation écologique est l’une des principales causes d’érosion de la biodiversité.

Les principaux obstacles à l’écoulement en Guyane peuvent présenter les risques suivants :
Limitation du brassage génétique des espèces aquatiques : le brassage génétique contribue à la diversité génétique en assurant la pérennité et la fiabilité d’une espèce, aussi bien pour les poissons que les amphibiens.
Limitation de la circulation des espèces : la faune et la flore migrent ; ce déplacement leur est vital pour manger, se reproduire, se loger. Les infrastructures peuvent bloquer ces migrations, soit en étant de véritables murs infranchissables, soit en rendant difficile l’accessibilité amont/aval de l’ouvrage.
Dégradation de la qualité de l’eau et de l’environnement : les aménagements limitent la libre circulation de l’eau et peuvent générer des modifications des habitats. La stagnation de l’eau pose le problème de l’oxygénation des milieux aquatiques, vitale pour un grand nombre d’espèces. Des pollutions par des hydrocarbures et des matières en suspension peuvent s’observer aux abords d’ouvrages hydrauliques routiers.
Inondation : lorsqu’un ouvrage de franchissement est mal dimensionné ou non entretenu, cela peut générer des inondations. L’eau, bloquée par un aménagement, se concentre en amont, pouvant créer des problèmes d’inondation sur l’axe routier, et modifiant les habitats et le fonctionnement du cours d’eau.

Exemples d’obstacles sous la RN2 :

  Un projet en cours

Le recensement des obstacles à l’écoulement a été amorcé fin 2013 par la DEAL avec le lancement d’une première étude sur les obstacles à l’écoulement présents sous le réseau routier national.

L’étude s’est focalisée sur les routes RN1 et RN2. Elle a permis de recenser et diagnostiquer les ouvrages présents sous ces axes routiers. Elle a mis en évidence que les ouvrages hydrauliques (ponts et buses) de ces deux nationales constituent dans certains cas des obstacles à l’écoulement. Toutefois, la majorité des buses et des ponts recensés est en bon état et assure une transparence hydraulique. Les ouvrages posant le plus de problèmes sont les buses métalliques, qui sont parfois très dégradées. Le manque d’entretien peut engendrer la discontinuité écologique (buses obstruées notamment).

La transparence des ouvrages a été estimée par le bureau d’étude NBC en charge de l’étude.

Le recensement montre que, globalement, les ouvrages hydrauliques ont une transparence hydraulique et écologique correcte pour les deux linéaires routiers. La base de données constituée permet d’identifier clairement les ouvrages posant problème et ainsi mettre en évidence les priorités d’action.

Cet inventaire constitue un outil de base à la mise en œuvre des politiques publiques de restauration, permettant de prioriser les interventions.

Le recensement des linaires routiers (RN 1 et 2) devrait être étendu à l’ensemble du réseau guyanais.

  Le Référentiel National des Obstacles à l’Écoulement (ROE) et la base d’Informations sur les Continuités Écologiques (ICE)

Les données récoltées permettront d’alimenter la base de données nationale : le Référentiel national des obstacles à l’écoulement (ROE).

Le ROE est une base de données nationale des obstacles à l’écoulement de tout le territoire français.

Cette première étude ainsi qu’un travail en cours de centralisation des données préexistantes, vont alimenter cette base de données, et seront ainsi diffusées pour contribuer à l’amélioration de la bonne continuité écologique des milieux aquatiques.

Après la constitution du ROE, une seconde étape concernera le recueil de données permettant d’évaluer le risque d’impact de chacun des obstacles sur la continuité écologique à l’échelle du cours d’eau (possibilités de franchissement par la faune aquatique, perturbation des migrations, qualité du transport sédimentaire…). Cette caractérisation s’appuie sur un protocole de mesures : le protocole d’Informations sur la Continuité Écologique (ICE). Confrontant la géométrie des ouvrages et les capacités physiques des différentes espèces à travers des modèles décisionnels, le protocole ICE permet de dresser un diagnostic du risque de discontinuité engendré par l’obstacle. Ces données, une fois collectées, seront saisies dans une banque de données spécifique nommée ICE (Information sur la Continuité Écologique), qui sera basée sur le référentiel ROE.