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Milieux naturels et paysages

Les ZNIEFF : un outil d’aide à la décision

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publié le 11 septembre 2014 (modifié le 25 juillet 2017)

La mise à jour de l’inventaire des ZNIEFF de Guyane doit permettre une meilleure prise en compte par les divers secteurs économiques du territoire des enjeux relatifs à la protection de l’environnement, et à la conservation de la biodiversité en particulier, ainsi que leur intégration aux divers projets d’aménagement et de planification du territoire.

Mais avant toute chose, que sont les ZNIEFF et à quoi servent-elles ? Comment sont-elles élaborées et mises à jour ? Où en est l’état d’avancement du projet d’actualisation des ZNIEFF en Guyane? Quels acteurs sont impliqués ?

  Les ZNIEFF : un outil pour concilier développement et conservation de la nature

ZNIEFF est l’acronyme de "Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique". C’est un secteur se distinguant du reste du territoire en raison de l’équilibre ou de la richesse des écosystèmes qu’il accueille.

L’inventaire des ZNIEFF a été lancé en 1982 au niveau national par le Ministère en charge de l’environnement, en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle. Conformément à l’article L. 411-5 du Code de l’environnement, l’inventaire des ZNIEFF constitue le point fort de l’inventaire national du patrimoine naturel.

Outre la production et la diffusion de connaissances sur la nature, cet inventaire ZNIEFF constitue avant tout un outil destiné à éclairer les décisions des acteurs de l’aménagement du territoire en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité. Pour ce faire, il permet de caractériser et de délimiter les espaces naturels se distinguant du reste du territoire en raison de leur intérêt environnemental et souligne l’attention particulière qui doit leur être portée voire l’opportunité de les protéger.

Il existe deux types distincts de ZNIEFF :

ZNIEFF de type IZNIEFF de type II
Secteurs d’une superficie généralement limitée, caractérisés par la présence d’espèces, d’associations d’espèces ou de milieux rares, remarquables, ou caractéristiques du patrimoine naturel national ou régional. Les ZNIEFF de type I sont particulièrement sensiblesà des transformations même limitées. Elles peuvent être incluses dans les ZNIEFF de type II. Grands ensembles naturels en bon état de conservation et peu modifiés, ou qui offrent des potentialités biologiques importantes. Dans ces zones, il importe de respecter les grands équilibres écologiques, en tenant compte, notamment, du domaine vital de la faune sédentaire ou migratrice.

Les ZNIEFF ne possèdent pas de valeur juridique directe et ne constituent pas des outils de protection réglementaire à la différence par exemple des réserves naturelles ou des arrêtés préfectoraux de protection de biotope. Il s’agit d’un outil ou d’un « porté à connaissance » indispensable pour orienter les décisions, le développement d’activités et les projets sur le territoire.

Néanmoins, la non-prise en compte du caractère remarquable de ces espaces s’est déjà traduite en France métropolitaine, par plusieurs jurisprudences de tribunaux administratifs à l’encontre de décisions d’urbanisme.

  Vers une nécessaire mise à jour des ZNIEFF de Guyane

Petit point d’histoire…
En Guyane, le premier inventaire des ZNIEFF a été lancé en 1992. Cette première génération a été consolidée une première fois en 1998. En avril 2001, à la lumière des nouvelles connaissances engrangées sur la faune et la flore de Guyane, une actualisation complète de l’inventaire a été de nouveau lancée par la DEAL (ex-DIREN). Cette modernisation s’est achevée en 2003 avec la saisie des espèces végétales protégées et des espèces déterminantes pour chaque ZNIEFF au sein d’une base de données qui a fait l’objet d’une vérification entre le MNHN et la DEAL.

Malgré cette mobilisation et ces efforts considérables, les nouvelles connaissances acquises sur un certain nombre de ZNIEFF méritaient d’être complétées. De plus, le travail d’actualisation des ZNIEFF réalisé en 2001-2003 n’avait pas pour objectif d’identifier de nouvelles zones à enjeux mais de consolider l’inventaire existant. Ainsi, faute de données, certains secteurs présentant un intérêt ou des particularités environnementales fortes ou singulières n’ont pu être identifiés en raison notamment de leur difficulté d’accès. On estime en effet que les 3/5 du territoire guyanais n’ont jamais fait l’objet de missions d’inventaire.

La mise à jour a donc permis d’améliorer la connaissance des enjeux environnementaux et de la biodiversité du territoire en vue de consolider les argumentaires relatifs à certaines ZNIEFF et d’identifier d’éventuels nouveaux secteurs à fort intérêt environnemental.
Plus d’informations dans l’article dédié à la procédure de mise à jour.

  La procédure de classement

Le classement d’une zone en ZNIEFF doit reposer sur un certain nombre de données démontrant son intérêt environnemental, c’est-à-dire la présence d’espèces et de milieux naturels importants sur le plan écologique et que l’on nomme « déterminants ». Le premier travail a donc consisté à revoir intégralement les listes d’espèces déterminantes ZNIEFF. Le choix a été fait de ne pas inventorier d’habitats déterminants au cours des missions de terrain en raison du nombre limité d’experts à même de les caractériser. Sur la base des données disponibles, la prise en compte de la singularité des habitats de nombreux secteurs de la bande littorale a néanmoins été particulièrement importante pour la caractérisation des nouvelles ZNIEFF et pour l’actualisation des anciennes, notamment pour affiner leurs délimitations.
Plus d’informations sur l’article dédié à la méthodologie d’identification d’espèces déterminantes.

Liens vers les listes d’espèces déterminantes ZNIEFF :
Poissons (format pdf - 72 ko - 05/08/2014)
Amphibiens (format pdf - 62.1 ko - 05/08/2014)
Reptiles (format pdf - 62.2 ko - 05/08/2014)
Oiseaux (format pdf - 73 ko - 05/08/2014)
Mammifères non volant (format pdf - 59.3 ko - 05/08/2014)
Chiroptères (format pdf - 56.2 ko - 05/08/2014)
Flore (format pdf - 633.2 ko - 01/09/2015)

Une fois ces espèces sélectionnées, des missions d’inventaire de terrain ont été menées en priorité dans les secteurs caractérisés par un manque de données ou dans les secteurs dont l’intérêt environnemental a été pressenti par les spécialistes. L’analyse des données collectées, ainsi que celles disponibles sur les habitats concernés, a permis de faire des propositions de classement en ZNIEFF qui ont été validées par le CSRPN de Guyane en février 2014.

Les missions de terrain ont été réalisées sur l’ensemble du territoire quel que soit le degré d’isolement des sites. Néanmoins, une priorité forte a été donnée aux inventaires sur la bande littorale car elle supporte une part importante des pressions anthropiques en Guyane.

Bien que l’actualisation des ZNIEFF a bénéficié de la capitalisation et de la compilation de plusieurs décennies de collecte de données, l’effort d’inventaire a été particulièrement marqué entre 2009 et 2013. Ainsi, 23 sites ont fait l’objet de missions d’inventaires ce qui représente plus de 1100 jours/homme d’inventaire de terrain auxquels on peut ajouter 400 jours/homme pour l’identification des espèces collectées.

La mobilisation d’un nombre important d’experts a été nécessaire afin de pouvoir couvrir l’ensemble des groupes d’espèces inventoriés : poissons, oiseaux, reptiles, amphibiens, mammifères terrestres et chiroptères. Ces prospections font appel à des techniques classiques d’inventaires faunistiques et floristiques.

Point méthodologique…
Les chiroptères sont capturés de nuit et identifiés suite à la pose de filets japonais. Ces filets sont aussi utilisés en complément des observations de terrain et de l’écoute des chants pour inventorier les oiseaux. Les reptiles sont inventoriés à la vue lors de prospections de terrain. C’est aussi le cas des mammifères terrestres et des amphibiens qui peuvent de plus, être identifiés au son. Seuls les inventaires de poissons nécessitent l’utilisation d’une grande diversité de matériels et de techniques : filets maillants, carrelets, nasses, lignes, observation.
Toutes les espèces capturées sont relâchées après identification.

  Synthèse des mises à jour proposées

Les mises à jour proposées par le secrétariat scientifique des ZNIEFF ont été nombreuses. Afin d’esquisser les enjeux qui ont été intégrés, nous pouvons évoquer quelques exemples :

Sur le littoral, les grandes successions de milieux littoraux parfaitement conservés ont été intégrées en ZNIEFF de type 2 : vasières, mangroves, marais et savanes.
Les savanes en bon état de conservation ont fait l’objet d’une meilleure prise en compte que par le passé. Celles portant de plus d’enjeux ont été proposées en ZNIEFf de type 1.
Les grands écosystèmes fluviaux ont été mieux intégrés (moyen Approuague, Crique Mataroni, Gabaret, Ekini, Haut Sinnamary…).
Plusieurs secteurs connus pour héberger des espèces (notamment animales) particulièrement rares ont été proposés en ZNIEFF de type 1.
Plusieurs secteurs accueillant des milieux naturels rares ou singuliers ont été intégrés (notamment en ZNIEFF de type 2). Il s’agit par exemples :
de secteurs comportant des falaises, affleurements rocheux et chaos rocheux récemment caractérisés dans l’est,
de secteurs de forêt sur sable blanc récemment caractérisés dans l’ouest,
de plusieurs forêts sur cordons sableux en bon état de conservation et accueillant des espèces remarquables,
des savanes-roches littorales bien conservées,

de quelques secteurs de forêt inondable connus pour accueillir une flore singulière.

Enfin, les secteurs ayant fait l’objet d’une anthropisation marquée depuis la dernière mise à jour ont été supprimés.