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Milieux naturels et paysages

Trame verte et bleue (TVB) : les projets d’approche locale

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publié le 10 octobre 2014


En parallèle aux pistes de réflexion globales amorcées en Guyane autour des trames vertes et bleues, il est important de raisonner sur des territoires plus restreints.

À une échelle locale, certains secteurs sont déjà mités, fragmentés voire isolés. Afin de définir une approche adaptée concernant les continuités écologiques, il convient dans ce cas :
d’améliorer la connaissance (effet de la fragmentation sur la faune …) ;
d’identifier les besoins de maintien/renforcement/restauration de continuités écologiques sur la base de l’anthropisation existante et à venir, de l’analyse des enjeux écologiques locaux et des mesures de protection existantes ;
de hiérarchiser sur cette base les secteurs d’intervention et prioriser les actions à entreprendre en parallèle, anticiper (par un travail de prospective) l’anthropisation à venir susceptible de couper définitivement ces espaces du reste du territoire, notamment :
- en évitant que les obstacles existants (routes, pistes…) ne soient aggravés ;
- en identifiant des solutions techniques à préconiser ou à mettre en œuvre pour maintenir ou restaurer les continuités ;
de sensibiliser et accompagner les décideurs et les porteurs de projets afin de favoriser une meilleure prise en compte des Trames Vertes et Bleues.

Notons que l’analyse des besoins de restauration de continuités écologiques pourra bénéficier de l’acquisition d’images aériennes géoréférencées datant des années 1950 et couvrant une grande partie de la bande littorale. Cette donnée est précieuse car elle permet de visualiser le territoire à une époque où la population n’était que de 39 000 habitants (elle est de 250 109 habitants en 2013 d’après l’INSEE). La production d’une cartographie de l’occupation du sol de 1950 serait utile pour identifier les continuités écologiques qui ont disparu.

Une série de projets a été récemment lancée à cette échelle d’approche plus locale :

La carte des trames vertes et bleues de l’île de Cayenne élaborée par la DEAL

Ce travail a été réalisée grâce à la méthode d’interprétation visuelle à partir d’images aériennes. Il se fonde sur l’anthropisation du territoire. L’ensemble des secteurs anthropisés visibles sur des images aériennes datées de 2011 (BD ortho 2011 de l’IGN) ont été identifiés de façon très fine : zones urbanisées, bâti isolé « visible », zones agricoles, routes, chemins, friches ouvertes, décharges, aéroports … Ces secteurs anthropisés sont considérés, par défaut, comme des barrières au déplacement des espèces.
Les espaces naturels restants ont ensuite été caractérisés par photo-interprétation, suite à des prospections de terrain et sur la base de données cartographiques issues notamment d’études d’impacts. Une typologie a été proposée :
- continuité de couverture arborée,
- continuité de cours d’eau, canaux et zones humides ouvertes (marais, lacs….),
- savanes.

Sur cette base, les secteurs anthropisés les plus favorables au passage de la faune et/ou pouvant potentiellement être améliorés pour devenir des corridors [1] ont été identifiés par photo-interprétation et vérification de terrain. Par exemple, les secteurs n’accueillant qu’une route ou qu’un chemin, les zones de bâtis peu dense sans murs, les zones de friches ont été privilégiées.

Selon les cas, les cours d’eau et les canaux en zone urbaine ont pu être identifiés comme corridors potentiels : les constructions sont limitées sur les berges en raison des risques d’inondation, les ponts peuvent jouer le rôle de passages inférieurs pour la faune…

Le résultat de ce travail est donc une cartographie des continuités de couverture végétale et des propositions de zones anthropisées favorables au passage de la faune ou pouvant être améliorées dans ce but.
Télécharger la carte avec fond neutre (format pdf - 532 ko - 15/07/2014)
Télécharger la carte avec fond IGN (format pdf - 3.5 Mo - 15/07/2014)

Il s’agit avant tout, d’un outil de réflexion et d’aide à la décision. Il peut notamment servir de base concrète pour échanger avec les collectivités et les porteurs de projets sur les besoins de maintien/renforcement/restauration de continuités écologiques sur l’île de Cayenne.

Le projet Nature dans nos villes

Des tamarins en ville en grand format (nouvelle fenêtre)
Des tamarins en ville

Ce projet est coordonné par l’association KWATA sur des financements de la DEAL et de la Fondation de France. Il vise à :
- l’amélioration des connaissances sur les mammifères et les reptiles des zones naturelles encore préservées de l’île de Cayenne ;
- la sensibilisation des riverains et des scolaires aux enjeux de continuité écologique et aux actions auxquelles ils peuvent contribuer ;
- l’appui auprès des collectivités locales et des aménageurs afin de favoriser le maintien de zones vertes et de corridors écologiques sur l’île de Cayenne (notamment sur la base de la cartographie citée ci-dessus).

Le recensement des obstacles à l’écoulement

Cette étude engagée par la DEAL fin 2013 vise à alimenter la base de données nationale sur les obstacles à l’écoulement : le Référentiel national des Obstacles à l’Écoulement sur les cours d’eau. Ce ROE recense l’ensemble des ouvrages inventoriés sur le territoire national.
En Guyane, ce travail a été amorcé fin 2013 par le recensement des obstacles à l’écoulement présents sous les routes nationales 1 et 2 (280 ouvrages recensés).

Obstacle à l'écoulement de l'eau en grand format (nouvelle fenêtre)
Obstacle à l’écoulement de l’eau

Ces informations permettent d’évaluer le risque d’impact de chacun des obstacles sur la continuité écologique (possibilités de franchissement par la faune aquatique, perturbation des migrations, qualité du transport sédimentaire…).
Ce travail devra être étendu à l’ensemble du réseau routier et donnera lieu par la suite à une seconde étape plus approfondie de diagnostic des ouvrages, selon le protocole et sa banque de données spécifique associée nommés ICE (Information sur la Continuité Ecologique).

Plus d’informations sur cette étude dans l’article en lien

L’étude de la mortalité de la faune sauvage sur les routes nationales

Squelette en bord de route en grand format (nouvelle fenêtre)
Squelette en bord de route

Cette étude lancée fin 2013 par la DEAL et réalisée par Kwata vise à quantifier, pour la première fois en Guyane, la mortalité de la faune sauvage due au trafic routier (collision). Elle devrait permettre d’identifier les espèces les plus touchées, les secteurs de forte mortalité et les facteurs environnementaux les expliquant.
Des préconisations techniques seront proposées afin de permettre une meilleure prise en compte des TVB dans l’aménagement du territoire et la construction de routes. La diffusion des résultats de cette étude est prévue pour fin 2015.

Les études sur l’efficacité des corridors forestiers de la Route Nationale 2 (RN2)

Corridor forestier conservé lors de la création de la RN2 en grand format (nouvelle fenêtre)
Corridor forestier conservé lors de la création de la RN2

La route nationale menant de Régina à Saint-Georges puis au pont de l’Oyapock, traverse un vaste massif forestier. Lors de sa création, 14 corridors forestiers ont été maintenus. Il s’agissait de préserver une continuité de couverture forestière de part et d’autre de la route sur une longueur de trois mètres afin de conserver les possibilité d’échange et de faune en maintenant une canopée jointive et une ambiance forestière (réduction de l’effet lisière). Deux études [2] [3] ont montré l’efficacité des ces corridors pour différents groupes de vertébrés, en particulier pour les passereaux de sous-bois, les mamifères arboricoles et les amphibiens.

Etude sur le maintien des ripisylves en Guyane
Cette étude est actuellement en cours de finalisation. La difussion du rapport d’étude est prévue pour octobre 2014.

Elaboration d’un guide pour la prise en compte de l’environnement dans les documents d’urbanisme en Guyane
Ce guide technique et opérationnel sera destiné en priorité aux élus et techniciens des collectivités ainsi qu’aux bureaux d’études et aux administrations. Son élaboration se fera de façon participative en associant tous les acteurs concernés. Il devra être un outil d’aide à la décision et à l’élaboration des documents d’urbanisme sur les questions environnementales dont celle des trames vertes et bleues. Ce guide devrait paraître début 2016.

[1Ainsi, les zones artificialisées accueillant un tissu urbain continu, les zones de bâti diffus dont les terrains sont clos par des murs, les secteurs accueillant plusieurs voiries successives ont ainsi été laissés de coté.

[2Caraïbes Environnement, 2009. Etude sur l’opportunité et la qualité des couloirs écologiques de la liaison routière Régina/Saint-Georges. DDE Guyane.

[3Biotope, en cours. Étude sur la qualité et l’efficacité des couloirs écologiques de la RN2. DEAL Guyane.